Pour sa deuxième édition, la série en ligne « The Future of Learning », animée par Alexia Borg en coopération avec Newton Agence, a exploré en profondeur les nouvelles frontières du Learning : simulations immersives, apprentissage adaptatif, réalité virtuelle, formation audio, et une relecture en profondeur du rôle de la formation en entreprise à l’ère de l’IA.
Au programme : un compte rendu de terrain du DevLearn (Las Vegas) avec Anne-Sophie, une perspective internationale avec Kévin Bouchareb, un focus sur trois outils qui transforment l’apprentissage avec Ninon, et une conversation approfondie avec Feirouz Guettiche, docteur en sciences du management, chercheuse à l’IAE Paris Panthéon-Sorbonne (Chaire MAI – Mutation, Anticipation, Innovation) et désormais chez Capgemini, invitée spécial de cette édition.
Un format éditorial, privé et coopératif
The Future of Learning confirme son positionnement :
- Éditorial, car le format n’est sponsorisé par aucun acteur RH ou EdTech, garantissant une totale indépendance éditoriale pour Alexia Borg et ses intervenants.
- Privé, car il s’adresse à une communauté ciblée de leaders L&D, DRH et responsables Innovation.
- Coopératif, grâce à un dispositif participatif : sondages en direct, questions du public, et possibilité de co-concevoir les prochains sujets via une adresse dédiée.
En coulisses, la production est assurée par Newton Agence, avec Jean-Christophe et Manon aux commandes du live.
DevLearn (Las Vegas) : l’IA au service d’une pratique illimitée
En direct de la côte Ouest après plusieurs jours à DevLearn, Anne-Sophie a dressé le tableau de la plus grande conférence nord-américaine dédiée au Learning : six jours de keynotes, d’ateliers immersifs, de démonstrations et plus de 200 exposants.
La tendance clé : nous entrons dans une nouvelle ère de l’apprentissage par la pratique, désormais rendu scalable grâce à l’IA.
Là où la formation présentielle et le coaching intensif étaient coûteux et limités, les simulations d’entraînement deviennent :
- Illimitées : un “coach” IA disponible 24/7, capable de répéter à volonté.
- Personnalisées : l’IA ajuste la difficulté pour maintenir l’apprenant dans la zone de flow (ni ennui, ni surcharge).
- Mesurables : un feedback ultra-granulaire (linguistique, vocal, sémantique, émotionnel, structure de réponse…).
- Sans risque : l’erreur devient un terrain d’entraînement sûr, sans impact réel.
Deux solutions ont particulièrement retenu l’attention :
- SkillGym : simulations conversationnelles hyper-réalistes pour entraîner les managers aux soft skills (conversations difficiles, vente, négociation…).
Rehearsal : pratique vidéo avec débriefing intelligent, aidant les collaborateurs à devenir de meilleurs communicants grâce à leurs propres enregistrements.
L’IA transforme la pratique : de rare, coûteuse et limitée, elle devient illimitée, personnalisée et mesurable.
Boeing, LinkedIn Learning, France Travail : trois signaux forts décryptés par Kévin Bouchareb
Comme à chaque épisode, Kévin Bouchareb (Maître de conférences au CELSA-Sorbonne, ancien Directeur Future of Work & HR Strategy chez Ubisoft, aujourd’hui conférencier et consultant) a mis en lumière trois cas emblématiques des transformations en cours.
Boeing : la simulation “anywhere, anytime”
Avec son Virtual Airplane Procedures Trainer, développé avec Microsoft Azure et Flight Simulator, Boeing permet désormais aux pilotes de s’entraîner aux procédures avec un simple ordinateur ou une tablette, dans un cockpit 3D entièrement virtuel.
Pour l’écosystème du learning, le message est clair :
- la simulation sort du centre de formation,
- la progression devient continue,
- le formateur évolue vers un rôle de designer de scénarios, appuyé par un outil d’authoring intégré permettant de créer et mettre à jour les contenus en temps réel.
LinkedIn Learning : du catalogue à l’écosystème de compétences
LinkedIn Learning dépasse désormais le simple catalogue de formations.
Avec son nouveau module Career Hub, la plateforme connecte :
- les intitulés de postes,
- les compétences,
- les parcours de mobilité interne,
- directement aux parcours d’apprentissage.
S’ajoutent des scénarios de jeu de rôle pilotés par IA (service client, vente, management, fonctions techniques), ainsi que de nouvelles fonctionnalités multilingues et analytiques.
Pour les responsables L&D :
- l’apprentissage est désormais branché directement sur la mobilité interne,
- les compétences deviennent plus standardisées et visibles,
- les décisions se fondent de plus en plus sur la donnée d’usage.
France Travail : IA et accompagnement personnalisé
France Travail teste, avec la Région Grand Est, un outil IA pour mieux orienter les demandeurs d’emploi vers les formations pertinentes, en croisant compétences, mobilité, disponibilité, motivation…
Pour les professionnels des ressources humaines, il s’agit là d’un nouvel exemple illustrant comment l’IA permet de passer :
- d’un modèle « catalogue + accès »
- à un modèle « profil + correspondance + formation sur mesure ».
Le défi reste le même : l’algorithme ne remplace pas l’accompagnement humain, mais le renforce — à condition de garantir la transparence et le suivi de l’impact.
Squirrel AI, Strivr, Paperminds : trois outils qui transforment le quotidien des équipes L&D
Dans sa chronique, Ninon, créatrice de contenu spécialisée en IA, a présenté trois solutions structurantes pour les départements Learning & Development.
1. Squirrel AI : l’adaptive learning de haute précision
Pionnier chinois de l’adaptive learning, Squirrel AI découpe la connaissance en micro-concepts et identifie non seulement ce que l’apprenant ne sait pas… mais pourquoi.
Dans un contexte corporate (ex. formation à un nouvel ERP), la solution peut :
- isoler des lacunes cognitives très spécifiques,
- proposer des micro-leçons ultra-ciblées,
- éviter de “ré-entraîner” les collaborateurs sur ce qu’ils maîtrisent déjà.
Résultat : une remédiation des compétences beaucoup plus “chirurgicale”.
2. Strivr : la VR comme terrain d’entraînement intensif
Strivr transforme la réalité virtuelle en espace immersif pour s’exercer à des compétences techniques et comportementales sous pression.
Exemple : des managers plongés dans un magasin virtuel face à un client en colère.
Le système analyse :
- décisions verbales,
- langage corporel,
- parfois indicateurs de stress,
avant de délivrer un débrief data-driven.
Des entreprises comme Walmart l’utilisent déjà massivement, avec une réduction notable des erreurs en montée en compétence.
3. Paperminds : l’apprentissage conversationnel audio-first
Paperminds propose des “Stations de formation” basées sur un apprentissage audio et conversationnel.
Les apprenants interagissent avec une IA à la voix, depuis leur téléphone — en voiture, en marchant — comme avec un coach.
Idéal pour :
- équipes terrain et mobiles,
- entraînement au pitch,
- renforcement des messages clés.
L’IA questionne, simule, et fournit un feedback sur le ton, la clarté et la conformité du discours attendu.
Entretien avec Feirouz Guettiche : repenser le talent et le learning à l’ère de l’IA
Invitée spéciale de ce deuxième épisode, Feirouz Guettiche a apporté un regard scientifique et pragmatique sur l’évolution du Learning.
Formats : au-delà du duo “vidéo + quiz”
Elle remet en question la domination historique du format “vidéo + quiz”.
Selon elle, le volume d’heures de formation n’est pas un bon indicateur de compétence.
Ce qui compte réellement :
- les situations d’apprentissage,
- la profondeur de l’ancrage,
- le transfert en situation réelle.
La contextualisation est clé : les bonnes pratiques inspirent mais doivent être adaptées à chaque culture, métier et stratégie.
Le talent à l’ère de l’IA
S’appuyant sur sa thèse, Feirouz défend une vision non statique du talent.
À l’ère de l’IA, le talent devient :
- une combinaison dynamique de compétences techniques, cognitives et interpersonnelles,
- associée à une forte capacité d’apprentissage continu et d’agilité.
L’IA ne remplace pas le talent — elle exige davantage de capacité à apprendre, se repositionner et collaborer avec des systèmes intelligents.
Le rôle du formateur et de l’université
Pour elle :
- le formateur doit devenir architecte d’expériences d’apprentissage,
- orchestrer outils, données et pratiques plutôt que “faire cours”,
- servir de point de repère dans un paysage saturé de contenus.
Elle observe aussi l’intérêt croissant des entreprises pour les programmes de recherche, signe d’une volonté d’ancrer l’innovation pédagogique dans des preuves, plutôt que dans des modes.
Perspectives internationales, faiblesses françaises et boussole OCDE
Après avoir étudié 33 entreprises dans le monde, Feirouz constate :
- la montée des approches hybrides travail/éducation,
- des cartographies de compétences plus ambitieuses,
- une mesure d’impact plus directe et systématique.
En parallèle, la France souffre de :
- la centralité du diplôme,
- la difficulté à identifier clairement les besoins d’apprentissage,
- des programmes trop centrés sur la durée plutôt que la preuve de compétence.
À la question “Faut-il arrêter d’étudier ? Le diplôme est-il mort ?”, sa réponse reste nuancée :
le diplôme reste un signal social important, mais doit être complété par une logique de capacités et d’apprentissage tout au long de la vie, dans l’esprit de la Learning Compass de l’OCDE.
Retrouvez un résumé vidéo du second RDV The Future of Learning sur le site du Figaro
En pratique
- “The Future of Learning” est un rendez-vous mensuel en ligne, privé et coopératif, animé par Alexia Borg avec son partenaire Newton Agence, Agence de création de formation sur mesure.
- Le format est éditorial, privé et coopératif, destiné à une communauté de DRH, leaders L&D, responsables Innovation et praticiens du Learning.
- Les chroniqueurs récurrents : Philippe Delanghe (IA & Learning), Kévin Bouchareb (innovation France/International), Ninon (outils IA & vidéo pédagogique).
- Invitée spéciale de cette édition : Feirouz Guettiche, docteure en sciences du management chercheuse à l’IAE Paris Panthéon-Sorbonne (Chaire MAI).
- Prochain épisode : 16 décembre – 12h30
