Lancé en ligne par Alexia Borg, en coopération avec Newton Agence, “The Future of Learning” s’installe comme un format privé et coopératif dédié aux responsables formation, DRH et directeurs de l’innovation. Pour ce premier numéro, trois chroniqueurs étaient au micro Philippe Delanghe, Kévin Bouchareb et Ninon ainsi qu’une invitée spéciale, Yaëlle Leben, spécialiste RH du secteur tech (actuellement DRH dans l’écosystème Salesforce), venue partager un regard sans fard sur la “digital workforce”, les agents IA et l’avenir des compétences.
De “l’incompétence augmentée” à l’IA comme tuteur
Consultant IA passé par des directions Learning et l’EdTech, Philippe Delanghe a ouvert le bal en alertant sur un angle mort : “l’incompétence augmentée”. L’automatisation mal comprise peut atrophier des savoir-faire essentiels : on se sent plus performant alors que la qualité réelle baisse. Moralité : l’IA n’exonère ni la compétence de base, ni l’esprit critique, ni la vérification.
Pour autant, il faut s’y mettre, mais correctement : les entreprises qui structurent leur stratégie, accompagnent les usages et exigent la transparence en retirent des gains mesurables. Côté formation, l’IA peut aussi apprendre l’IA : Philippe Delanghe a passé en revue les approches pédagogiques récentes (modes “tuteur” qui questionnent au lieu de donner la réponse, génération de quiz et flashcards à partir des documents internes, etc.). Il cite enfin la dynamique “maker” incarnée par Andrej Karpathy et ses travaux pour démocratiser l’accès aux modèles : la promesse n’est pas un professeur parfait, mais un tuteur imparfait, accessible à tous puissant si l’on sait en poser les limites.
À retenir : former massivement, oui aux bons usages, aux réflexes de contrôle, et à la conservation des compétences cœur.
Trois cas qui reconfigurent la chaîne de valeur Learning
Professeur associé au CELSA-Sorbonne, ex-directeur “Futur du travail & Stratégie RH” d’Ubisoft, Kévin Bouchareb a illustré trois déplacements majeurs :
- Duolingo : en industrialisant la production de contenus (cours “source” et déclinaisons IA, génération/validation automatique d’exercices), la plateforme multiplie l’offre et réalloue l’expertise humaine à l’UX pédagogique et à la cohérence. Message RH : les rôles évoluent, du “faire à la main” vers la supervision de l’IA et la qualité.
- Citi : la banque rend obligatoire la formation au prompt pour 180 000 collaborateurs. On passe d’usages dispersés à une compétence de base professionnalisée, qui sécurise et standardise les pratiques.
- McDonald’s Australie x Universités : des micro-certifications internes deviennent crédits universitaires. C’est un pont concret entre apprentissages en entreprise et diplôme, aligné avec l’apprentissage tout au long de la vie et des formats courts, itératifs.
La vidéo de formation à l’heure des avatars
Créatrice de contenu spécialisée IA, Ninon a taillé dans le foisonnement des outils vidéo pour ne retenir que trois plateformes matures :
- HeyGen : vitesse et personnalisation (avatars, traduction instantanée), idéal pour produire vite des modules multilingues.
- Synthesia : le standard des grands groupes (qualité constante, conformité, déploiement à l’échelle).
- Colossyan : pédagogie et interactivité (dialogues, quiz, scénarios), très adapté aux usages onboarding, conformité ou situations managériales.
Son rappel utile : ces outils font gagner du temps, pas du sens. L’exigence de scénario, de validation et de protection des données (RGPD) reste centrale.
Grand entretien Yaëlle Leben : agents IA, “digital workforce” et rôle accru des humains
Invitée spéciale de ce premier numéro, Yaëlle Leben, spécialiste RH dans la tech, a partagé un retour terrain lucide sur la montée en puissance des agents IA et la constitution d’une digital workforce dans les grandes organisations. Son fil conducteur :
- Préparer plutôt que subir : les annonces récentes dans la tech (sobriété d’embauche, automatisation de fonctions support) imposent une acculturation RH rapide aux agents et à leur gouvernance.
- Compétences clés : au-delà de “savoir utiliser un outil”, diffuser la littératie des agents (conception simple, pilotage, critères de qualité, gestion des risques), tout en professionnalisant l’onboarding et la formation continue avec des briques automatisées
- Paradoxe assumé : plus il y a d’agents, plus on a besoin d’humains pour cadrer, arbitrer, éthiciser, expliquer et ré-humaniser les processus. L’IA accélère, l’humain responsabilise
- Vécu RH : le quotidien mêle cas d’usage très concrets (self-service RH, support, knowledge interne, micro-apprentissages) et un travail de confiance avec les équipes. Transparence, pédagogie et règles claires sont les meilleurs antidotes à l’anxiété.
- Europe vs États-Unis : l’adoption européenne est plus prudente, contrainte par la conformité et la fragmentation, mais elle peut devenir un avantage compétitif si la rigueur réglementaire nourrit des déploiements durables et maîtrisés.
- Une note humaine : pour Yaëlle, l’IA confronte d’abord à la solitude celle des décisions, de la responsabilité, de l’attention. C’est précisément pourquoi le lien managérial et l’intention doivent rester au centre.
En pratique
- “The Future of Learning” est un rendez-vous mensuel en ligne, privé et coopératif, animé par Alexia Borg avec son partenaire Newton Agence, Agence de création de formation sur mesure.
- Les chroniqueurs : Philippe Delanghe (IA & Learning), Kévin Bouchareb (innovation France/International), Ninon (outils IA & vidéo pédagogique).
- Invitée de ce premier numéro : Yaëlle Leben, spécialiste RH dans la tech.
- Prochain épisode : 18 novembre.
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